Groupe Stéphane et Lyra

Nous y étions. Après une journée mouvementée à travers le somptueux parc de Disneyland, une soirée macabre nous attendait. La maison hantée allait nous livrer ses secrets. A l'idée de cette ultime attraction, je ressentais de l'excitation plus que de la peur. Assez rationnelle, je savais que je pourrais pleinement profiter du spectacle sans hurler à chaque intervention brutale des divers mécanismes.

J'appréciais l'ambiance que les employés et la musique ajoutaient au cadre très travaillé du lieu. L'angoisse, le glauque, voilà ce qui devait transparaître. La nuit tombée sur le parc d'attractions donnait un petit plus à l'excitation que je ressentais. C'était la pleine lune. Dans beaucoup de livres, c'étaient ces soirs-là qui laissaient surgir le surnaturel. Je balayai les élèves du groupe du regard. J'espérais que le hasard me ferait grimper à bord du chariot avec le Directeur. Malheureusement, c'est l'un des élèves de première S qui me fit face. Je ne pus réprimer une certaine déception bien que je sois rassurée de me retrouver avec Stéphane Denfert, plutôt qu'avec l'un de ces cancres surexcités.

Stéphane était un jeune homme assez posé et travailleur. Certes un tantinet orgueilleux, mais l'excellence avait ses défauts. De plus, il n'était pas désagréable à regarder. Je lui adressai un sourire accompagné d'un signe de tête pour le remercier de sa galanterie. Jamais, au cours de l'année, je n'avais eu à le reprendre sur ses manières. L'éducation persistait chez certains de nos élèves et c'était plus qu'appréciable !

" Merci, jeune homme."

Je montai dans le chariot et, une fois qu'il fut installé à mes côtés, j'abaissai la barre de protection. Une secousse se fit sentir et nous avançâmes dans les ténèbres. Je murmurai d'une voix à peine audible :

" C'est parti... "

La maison hantée était magnifique. J'avais réellement l'impression de me trouver dans un manoir au passé lugubre. Notre petit chariot stoppa alors subitement sa course. Autour de nous, les lumières s'éteignirent, nous plongeant dans une obscurité totale. Je songeai que, vraiment, tout avait été fait pour instiguer l'angoisse, mais je ne pouvais réprimer la petite voix qui me disait que quelque chose n'allait pas...

Le portrait de la mariée cadavérique errait encore devant mes yeux qui n'y voyaient plus guère. Je clignai à plusieurs reprises des paupières, cherchant à m'habituer à l'obscurité. Quand je les rouvris pour la dernière fois, je ne pus que constater avec déplaisir que la lumière n'était pas revenue. Fronçant les sourcils d'un air perplexe et angoissé, je tournai mon visage vers Stéphane. Mon camarade semblait aussi surpris que moi. Je laissai échapper un soupir. Bon. Restons calme. Le courant va revenir et tout s'arrangera. J'essayais de me rassurer comme je le pouvais. Soudain, la barre métallique relâcha son emprise dans un bruit qui résonna dans toute la pièce. En réponse à ce bruit qui me fit sursauter, la voix de mon camarade d'infortune s'éleva à mes côtés. Il avait une voix assez grave, et bien que l'humour perce dans ses propos, son ton me semblait assez mitigé. J'avalai ma salive et laissai échapper un petit rire que je tentai de décrisper au maximum. En tant que professeur, je me devais de ne pas afficher mon angoisse qui s'accentuait au fil des secondes.

La lumière se ralluma et ce fut un choc. Le décor avait entièrement disparu ! Rien. Il ne restait rien ! Je restai muette quelques secondes avant de prêter attention à mon voisin. Je me tournai vers lui, afin de m'assurer qu'il était aussi choqué que moi. C'était bien le cas. Je me levai et sortis de notre petit chariot de malheur tant bien que mal. Je passai une main dans mes cheveux et tentai de réfléchir. Stéphane proposa alors que nous nous dirigions vers la gauche. Je haussai les sourcils, surprise de son étonnante capacité à prendre une décision dans une situation complexe.

" Oui, je trouve qu'on a assuré ! Je ne m'attendais pas à un tel résultat...", lâchai-je dans un souffle.

Je m'avançai derrière Stéphane, observant la sortie de gauche. Pourquoi pas après tout ? Je le suivis, m'engouffrant à sa suite dans un corridor assez mal éclairé, aux murs larges. Nous avançâmes ainsi d'un bon pas, pressés de quitter cet endroit, pendant une bonne minute. Je ne cessais de me retourner, de peur de faire le mauvais choix. Peut-être qu'il aurait mieux valu rester dans la pièce bien lumineuse où tout avait changé. Une équipe de secours nous y attendait probablement et...

Un nouveau choix se présentait à nous. Je soupirai. C'était un vrai labyrinthe ici ! Décidant de prendre ce contre-temps avec un peu plus de gaieté, je lançai un sourire de défi à Stéphane tout en lui disant :

" A moi de choisir maintenant ! Hmm... Allons encore à gauche. Je pense que cela nous réussira. "

1 et 2 c'est la bonne direction vous continuez
3 et 4 c'est la mauvaise direction vous tombez sur un cul de sac demi tour
6 c'est un raccourci vous avancez plus vite
5 c'est la mauvaise direction mais pas de cul de sac