La curiosité est un vilain défaut, on le lui aura assez répété. Et pourtant, c'est bel et bien ce trait de caractère si dangereux qui avait mené ses pas jusqu'à la salle de classe principale de sa collègue. Depuis qu'elle l'avait croisée au bal, elle n'avait pas eu l'occasion de lui adresser de nouveau la parole. Elle n'avait pas vraiment eu l'occasion d'apprendre à la connaître puisqu'un joyau étrange était arrivé en plein milieu d'une phrase maladroite et avait fait étinceler les yeux de la Prof de Français d'une bien étrange manière. Sasha n'avait pas demandé son reste, il était hors de question de se faire remarquer, ou même de se mettre entre les deux, elle en avait profité, sous un faux prétexte pour se défiler, à l'Anglaise.
Et c'en était resté la. Elle n'avait même pas tenté de jeter deux trois regards pour voir ce qui se passait. Ces choses là ne la regardait pas, et de toute façon elle étai bien trop occupée à tirer sur les pans de sa robe. Et pourtant, habillée bien plus sobrement que la dernière fois, ceinte d'une jupe haute noire et d'un petit chemisier violet, elle arpentait les couloirs, n'ayant pas plus de cours à donner dans l'après midi. Ce n'est qu'en entendant la voix de sa collègue sortir d'une porte mal fermée qu'elle finit par se décider à glisser une oreille indiscrète. Puis un œil. Lyra parlait d'une voix douce mais assurée, rien ne semblait du au hasard, et pourtant elle paraissait parfaitement attentive à ce qui se passait autour d'elle. Technique redoutable.
Sasha sourit devant le spectacle. Avoir l'air aussi gentille et se faire respecter aussi facilement, ça demandait une sacrée maîtrise de son art. Mais elle sursauta en entendant la sonnerie. Elle en fit tomber son sac. Il fut bien entendu bien vite ramassé, mais elle s'éloigna tout aussi rapidement de la porte, pour laisser la place à la cohue qui ne demandait pas son reste. Une fois la salle vide, poussée par rien de plus que cette fichue curiosité, elle toqua à la porte, avec un grand sourire.
« Toc Toc Toc ? »
Sasha Grayson
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Mer 31 Déc - 17:57
" Et c'est ainsi que l'école lyonnaise s'inspire de la poésie courtoise. Le poète place la femme comme "domina" et subit la douleur d'aimer. Souvenez-vous du chevalier que nous avons vu au premier semestre. Il aimait sa dame. Mais il aimait surtout séduire sa dame. Ce qui provoquait un dilemme chez lui. Parce que lorsque la dame est conquise, le Chevalier n'a plus à séduire. Alors au XVIè siècle, le poète est lui aussi travaillé par ce dilemme. Faut-il aimer plus que d'aimer aimer ? C'est la question qui les turlupine pendant tout un siècle ! Et vous pourrez retrouver cette frustration et cette douleur, de rester dans la séduction sans pouvoir aboutir à une relation consommée, dans toutes les figures de style d'opposition ou dans les métaphores de la nature. "
La sonnerie retentit. Depuis la rentrée et le bal, les élèves étaient un plus à l'écoute. Moins fatigués sans doute.
" N'oubliez pas de me faire l'étude de la nature dans le poème de Ronsard pour jeudi. Je ramasserai vos écrits, alors faîtes-le sérieusement. A bientôt. "
Et ce fut la cohue générale. Le bruit des vestes que l'on remet et des sacs que l'on ferme. Quelques haussements de voix pressées de rejoindre la cour de récréation. C'était mon cours de littérature le plus élevé avant les baccalauréats et j'avais quelques bons élèves qui menaient sérieusement le groupe. C'était agréable. Même si j'aurais apprécié qu'ils me posent davantage de questions. Alors que le dernier quittait la salle de classe, je m'apprêtai à essuyer le tableau sur lequel j'avais inscrit les noms des grands poètes du XVIè siècle. Scève, Labé, du Bellay... Ces auteurs qui m'avaient intrigué à la faculté et qui se perpétuaient par mes leçons. Un sourire naquit sur mes lèvres mais se stoppa lorsqu'on frappa à la porte. Tiens ? Je tournai un regard curieux vers le battant de bois où se tenait une silhouette familière.
" Sasha ? Entre, je t'en prie ! "
Je rassemblai mes cheveux détachés sur mon épaule et secouai mon pull bleu gris couvert de poussière de craie. Je portais également des bottines à talon marron et un jean. Je ramassai les quelques livres de ces grands auteurs qui trainaient sur mon bureau, cornés et usés d'avoir été étudiés. Mais c'est ainsi que j'aimais voir vieillir ces oeuvres. Travaillées et retravaillées jusqu'à leur toute fin. Cependant, j'étais bien intriguée de voir ce que voulait Sasha. Nous ne nous étions pas vraiment revues depuis le bal de décembre, mais c'était toujours un plaisir de la voir !
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Sasha Grayson
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Dim 11 Jan - 23:12
Une nouvelle chance
Si elle s'était jetée à corps perdu dans la langue d'Albion, ce n'était absolument pas par rejet total de celle de Molière. Bien au contraire. L'amour de sa langue natale l'avait amenée à découvrir l'autre. Intimement liées depuis la renaissance, elles semblaient parfois ne faire qu'un. Pour son plus grand plaisir. Elle n'utilisait cependant que très peu d'Anglicisme, préférant porter le respect jusque dans les plus petits détails. La poésie courtoise. Ca remontait à quelques années maintenant. Et malgré tout son intérêt, elle n'aurait pas pu sortir ne serais-ce qu'un quart de ces informations durement intégrées à l'époque. Toute à son observation, elle tentait tant bien que mal de se souvenir de quelque chose. Mais non, tout ceci était vain, c'était quelque part, bien enfoui quelque part. Un élève la salua en sortant, un peu moins pressé que les autres.
« Oh, bonjour Miss Grayson » « Bonjour Octave. »
Inutile, mais la politesse est précieuse et le restera très certainement. Elle se perdait. Lentement, inexorablement. Et Sasha était un templier de la politesse et de la bienséance. Elle sourit à sa collègue qui la notifia finalement. Elle lui fit un petit signe de la main.
« Ah ! Merci ! » Elle posa un pied dans la salle, amusée par cette manière assez singulière que sa collègue avait d'ôter la poussière de craie de son bureau. Elle glissa. « Vivement qu'on ait des tableaux blancs, n'est ce pas ! »
Sasha aimait beaucoup Lyra. Elle était toujours d'humeur égale et semblait animée de bonnes intentions. Elle avait l'air d'être le genre de personne a aider les élèves qui restaient derrière. Quelqu'un de profondément bon. Et c'était certainement pour ça qu'elle aimait passer du temps en sa compagnie.
« Je cherchais quelqu'un d'agréable avec qui aller boire mon thé, et j'ai pensé à toi ! Si tu n'as rien à faire, tu veux qu'on aille se promener toute les deux ? Il n'y a pas qu'eux qui ont le droit de ne rien faire ! »
Sasha Grayson
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Jeu 22 Jan - 15:26
C'est l'esprit déchargé de tout ce petit rangement que je venais de faire que j'écoutai Sasha m'expliquer les raisons de sa venue. Je doutais qu'un jour nous possédions des tableaux blancs, comme elle l'avait suggéré. Ce pensionnat était de "l'ancienne école" et notre Directeur s'assurait qu'il le reste. Je regardais ces grands yeux que je trouvais toujours fascinants. N'importe quel poète aurait aimé décrire par de majestueuses métaphores comment il s'était nombre de fois perdu dedans. Il faut bien l'avouer... j'enviais ce regard si spécial qui devait en charmer plus d'un ! Sa voix s'éleva dans la salle pour me proposer de l'accompagner boire un thé. Mélodieuses et teintées de joli petit accent étranger, ses phrases étaient vives et moqueuses. Un sourire en coin, je jetai un regard à la salle, à part quelques chaises dérangées et un bureau taché de l'encre bleue, tout était en ordre. Je me tournai vers le bureau que j'occupais en tant que professeur de français, et je m'emparai de mon sac dans lequel j'enfournai ma lecture du moment.
Lorsque je relevai mon visage vers Sasha, ce fut pour lui répondre tout sourire : " Tu as bien raison ! Un bon thé en cette saison, et en bonne compagnie, c'est toujours un plaisir ! "
Justement ! C'était une occasion en or pour aborder l'un des sujets qui faisait office de bruit de couloirs. On racontait que Sasha et l'un de nos nouveaux professeurs avaient une liaison. Ou quelque chose comme ça. J'avais hâte d'aborder cette question avec ma collègue. Cela pourrait devenir très... intéressant !
" Je te suis. J'irai où tu m'emmèneras rencontrer un thé digne d'une Anglaise ! "
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Sasha Grayson
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Sasha Grayson
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Jeu 5 Fév - 2:05
Une nouvelle chance
Elle n'était très certainement pas la première pour tout ce qui était sociabilisation, mais elle faisait de gros efforts pour ne surtout pas être la dernière. Ce n'était pas si compliqué au fond. Faire deux trois sourires, proposer de faire des choses, rendre service de temps en temps. Surtout sourire en fait. Elle savait. C'est bon, ça elle pouvait le faire. On étire la bouche à gauche et à droite, mais pas trop sinon on passe pour une folle. Et le tour est joué ! Un petit compliment aussi, ça aide. Mais Sasha n'avait pas vraiment besoin de faire semblant. Elle était timide, mais bien intentionnée. Et surtout particulièrement philanthrope.
Et elle aimait beaucoup Lyra. Sans la connaître certes, mais il émanait d'elle quelque chose d'infiniment doux. Lyra, elle avait tout l'air d'être la bonne amie. Gentille, compréhensive. Un soutien dans les pires moments et une compagnie agréable pour passer les meilleurs. Elle espérait très sincèrement ne pas se tromper. Elle avait bien besoin d'un allié dans cette bataille incessante qu'était le système scolaire. Son sourire s'élargit en voyant sa proposition acceptée. Elle frémit légèrement.
« Oh, tu sais, ce n'est malheureusement pas le Thé traditionnel, mais c'est ce que j'ai pu trouver de mieux dans le commerce. »
Elle sourit une nouvelle fois et emboita le pas à Lyra. Direction la salle des professeurs. Elle salua les quelques élèves qui lui dirent bonjour, mais ne s'étonna pas qu'on montre plus d'enthousiasme au passage de sa collègue. Une fois dans la salle, elle ferma la porte et lança la bouilloire.
« Et bien dis moi, quel succès ! Si j'avais su, c'est Ronsart que j'aurais étudié plus sérieusement, pas Shakespeare. »
Sasha Grayson
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Ven 20 Mar - 12:59
La curiosité est un bien vilain défaut !
[ Toutes mes excuses Sasha ♥ pour le délai d'attente ! ]
Cloc ! Cloc ! Le bruit de nos pas résonnaient le long des murs et du carrelage froid du couloir. C'était la détermination qui perçait dans ce déplacement qui permettait de différencier un professeur d'un élève. Ces derniers laissaient trainer leurs pieds, la démarche lourd ou, au contraire pour les plus jeunes, si légère et presque frivole. Nous gagnâmes la salle des professeurs non sans croiser plusieurs de ces enfants et adolescents. Tous polis. Il faut reconnaître que les plus turbulents ne s'attardaient que très rarement dans les couloirs pendant les courtes pauses. S'ils n'allaient pas prendre l'air, c'était qu'un méfait allait poindre le bout de son nez.
Tandis que je prenais place, déposant mon sac à mes pieds, ma collègue anglophone s'approcha de la bouilloire et pressa le bouton pour l'allumer. Je répondis par un sourire amusé à sa remarque chargée d'humour.
▬ Oh ! Tu sais, ce n'est pas toujours ce qu'ils me disent. Surtout quand vient l'heure de la dictée !
La dictée, épreuve tant redoutée par les élèves les moins aptes à comprendre les complexités de notre si belle langue ! Je tournai les yeux vers la bouilloire qui commençait à émettre un glouglou significatif. Je me levai pour chercher deux tasses posées sur le rebord de l'évier, propres et sèches.
Elle le vivait plutôt bien. On aurait pu en venir à penser qu'esseulée elle en viendrait à envier la popularité de ses collègues, mais il n'en était absolument rien. Sasha avait parfaitement intégré l'idée que sa matière tout comme sa personnalité ne la plaçait pas dans le peloton de tête. Et elle ne le vivait pas plus mal que le reste. Après tout, elle préférait être détestée pour ce qu'elle était qu'appréciée pour de fausses raisons. Et c'est cette pensée ma foi fort simple qui lui permettait de tenir des journées parfois un peu lassantes. Cette routine était plutôt étrange à vivre mais plutôt rafraîchissante. Cette perspective de vie étrange l'avait poussée à signer presque sans réfléchir, et elle ne regrettait rien.
Une fois au calme dans la salle des professeurs, elle s'étira consciencieusement. Les épaules, puis les jambes. Elle entreprit de se replier vers l'avant et de respirer un bon coup. Les cours la stressaient. Elle avait déjà beaucoup de mal à se discipliner toute seule, alors faire face à tous ces zigotos sans foi ni loi, c'était une autre paire de manches. Une fois relaxée, elle sourit à sa collègue.
« Tu fais encore des dictées ? Je croyais que c'était fini dès la primaire ce genre de choses ? »
Elle n'y connaissait rien. Enfin, elle connaissait le Français bien entendu, et elle connaissait les normes concernant l'apprentissage de l'Anglais en France. Mais elle avait oublié ses cours de Français depuis bien longtemps. Et grand bien lui en fasse. Lyra l'avait devancée au niveau des tasses. Sasha la remercia d'un geste de la tête et fit un signe de refus.
« Pas de sucre ! J'ai importé du thé de Là bas, et je tiens à en savourer chaque parcelle d'arôme !»
Ce disant, elle sortit de son sac une petite boite en ferraille noire toute simple. De cette boite, elle sortit deux sachés de thé Noir. Elle lui en tendit un.
« Tiens, si tu veux goûter ! C'est un peu fort, mais on s'y fait vite !»
Elle versa l'eau dans les tasses en faisant bien attention à ne pas en renverser.
« Alors...Je ne sais pas si tu as entendu, mais il y a beaucoup de rumeurs qui courent à ton sujet. » L'art de foncer dans le tas.
Sasha Grayson
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Mar 31 Mar - 10:44
La curiosité est un bien vilain défaut !
Après quelques secondes de réflexion silencieuse, je répondis à ma collègue anglophone pour lui expliquer, sans pour autant étaler mes arguments, pourquoi j'avais opté pour les dictées.
▬ Je préfère continuer les dictées au collège. Beaucoup de nos élèves ont encore de grosses lacunes et je suis persuadée que ça les aide, notamment pour la relecture. Et puis... ça me laisse au moins vingt petites minutes de silence !
Je laissai un léger rire s'échapper après avoir avoué mon secret. Lors de la dictée hebdomadaire, même les élèves les plus turbulents étaient bien forcés d'écouter. Sasha déclina alors mon offre de sucre et, tentée par les saveurs émanant de la boîte qu'elle venait d'ouvrir, je rangeai la boîte contenant les petits carrés blancs. Je pris le thé pour en humer plus encore la senteur forte et fruitée. Exactement ce qu'il me fallait ! Ma collègue versait l'eau bouillante dans les tasses. Pas une goutte ne quitta sa trajectoire, elle faisait cela à la perfection ! Je la regardais faire d'un oeil distrait, l'esprit occupé par les délices olfactifs de ce thé noir.
Lorsque Sasha m'interrogea sur les rumeurs qui courraient à mon sujet, je ne répondis pas de suite, laissant mon thé infuser tout en le mélangeant avec la cuillère à café, le regard plongé dans le mélange opérant, volutes foncées se dispersant dans l'eau. La jeune femme n'y allait pas de main morte quand elle avait une idée derrière la tête. Finalement, je relevai les yeux pour briser ce court silence, un petit sourire sur les lèvres.
▬ J'en ai entendu certaines oui... Et que serait un pensionnat sans ses bruits de couloir n'est-ce pas ? On raconte d'ailleurs qu'il y a toujours un fond de vérité derrières les rumeurs...
J'appuyai ma dernière réplique d'un coup d'oeil amusé et complice à l'intention de Sasha. Je n'allais rien lui cacher si elle posait les bonnes questions.
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Sam 27 Déc - 20:32
